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Retour sur l’évaluation AMNYOS – PLURICITE portant sur l’expérimentation de l’accompagnement rénové des bénéficiaires du Revenu de solidarité active (RSA)
Entrées en vigueur à compter du 1er janvier 2025, les reformes issues de la loi pour le plein emploi visent à améliorer l’insertion professionnelle des demandeurs d’emploi en leur offrant un accompagnement plus individualisé et fluide.
Dans un contexte de retour manifeste de tensions globales sur le marché du travail et alors que les acteurs territoriaux s’organisent afin de mettre en œuvre l’ensemble des mesures dans des conditions et sur des rythmes différenciés, retour sur trois enseignements majeurs tirés du rapport d’évaluation de l’expérimentation de l’accompagnement rénové des bénéficiaires du Revenu de solidarité active (RSA) formalisé par le cabinet du groupe AMNYOS en partenariat avec PLURICITE pour le compte de la DGEFP.
La réforme du RSA, articulée avec la création de France Travail, s’inscrit dans une ambition politique forte : refonder les modalités d’accompagnement des publics les plus éloignés de l’emploi. C’est dans ce cadre qu’a été menée, en 2023, une expérimentation dans 18 territoires pilotes, visant à tester en conditions réelles un accompagnement rénové des allocataires du RSA. Fondée sur une analyse croisée de données quantitatives et de plusieurs centaines d’entretiens, l’évaluation conduite par le groupe AMNYOS et PLURICITE met en lumière les ressorts concrets de la réforme, ses effets observables, mais aussi ses limites opérationnelles sur les registres de l’accompagnement.
Trois enseignements majeurs issue de l’évaluation livrée en 2024 semblent plus particulièrement faire écho aux enjeux de mise en œuvre de la reforme à quelques mois de sa première date anniversaire.
- Adapter les conditions de mise en œuvre de la réforme aux spécificités territoriales : les tensions structurelles entre une volonté de cadrage national et la nécessité d’adaptation locale invitent en à penser la réforme non comme un modèle figé, mais comme une construction évolutive, à adapter aux réalités des territoires et aux besoins des publics. En ce sens la réussite de la réforme dépendra de sa capacité à concilier ambition nationale et souplesse locale. Sur ces registres, les expérimentations ont contribué à faire évoluer les relations entre institutions. La mise en œuvre des réformes encourage une coordination plus étroite entre les Départements et France Travail, deux acteurs qui, jusqu’ici, intervenaient souvent de manière parallèle. L’enjeu aujourd’hui étant d’aider à structurer, fluidifier, étendre souvent ces coopérations aux autres acteurs tels les EPCI, aux forces vives des territoires sans perdre en efficacité ni en lisibilité. Des défis qui supposent des investissements organisationnels, une clarification des responsabilités, et une modernisation des outils numériques pour soutenir le travail en commun.
- Considérer la qualité de l’accompagnement au-delà des seuls outillages : l’un des enseignements les plus convergents de l’évaluation est la place déterminante de la relation humaine dans la réussite de l’accompagnement rénové. La mise en place d’un référent unique, associée à une réduction significative de la taille des portefeuilles, a souvent permis de créer des conditions favorables à l’écoute, à la régularité du suivi et à la construction d’une relation de confiance. Ce lien humain constitue un point d’ancrage essentiel pour les bénéficiaires, en particulier ceux qui ont connu des ruptures de parcours ou une défiance vis-à-vis des institutions. Dans un contexte de transformation numérique des services publics et de tension financière, l’expérimentation rappelle malgré tout que la qualité du lien professionnel reste le premier facteur de remobilisation. L’efficacité d’un accompagnement ne se mesure pas seulement à la performance des outils, mais à la capacité du système à investir dans le capital humain : formation des conseillers, reconnaissance de leur rôle, conditions de travail soutenables.
- Dépasser le seul objectif de mobilisation vers l’emploi : l’accompagnement intensif permet bien une mobilisation vers l’emploi, mais la stabilité dans l’emploi reste un défi majeur. La distinction entre « accès » et « présence » en emploi est essentielle : elle montre que la réussite ne se joue pas uniquement sur l’entrée dans le marché du travail, mais sur la capacité à s’y maintenir dans la durée. Ce défi implique de soutenir et renforcer les politiques et dispositifs d’insertion par la valorisation et le développement des initiatives visant l’amélioration des conditions d’intégration et d’inclusion au sein des entreprises.
Ces questions méritent d’être approfondies avec les territoires, dans une logique de co-construction.
En tant qu’acteur engagé aux côtés des collectivités, le groupe Amnyos se tient prêt à prolonger ce travail d’analyse par des démarches d’accompagnement opérationnel, au service d’un service public de l’insertion plus juste, plus efficace et plus humain.
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Stéphane ROUX
Directeur du pôle Emploi, Territoire et Insertion
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